C’est certain que le vin facilite les rencontres. Mais gare à la gueule de bois car l’aspirine ne guérit pas les MST ! La moustache de Fred, viticulteur bio, en sait quelque chose…
En fait c’est un hipster qui a racheté un vignoble avec sa femme et des copains. Ils se sont donnés un mal de chien pour produire en biodynamie. Terre fertilisée à la bouse mûrie en corne de vache, strict suivi du calendrier céleste, etc. Ils désherbèrent à la main à en devenir bossus et se débarrassèrent des insectes à la pince à épiler. Malgré tout ça, l’agrément bio leur était refusé pour quelques traces chimiques, certainement en provenance des vignes de leurs voisins vignerons conventionnels. Eux sont organisés en un puissant syndicat viticole qui ne fait aucun cadeau aux partisans du vin bio… Le seul moyen de leur tenir tête serait d’afficher ce putain de logo bio sur les bouteilles.
C’est pourquoi, en ce jour de visite annoncée d’un fonctionnaire de l’agriculture biologique, Fred est très nerveux. Il siffle dès le réveil plusieurs bols de son jaja nature – l’ennemi du petit déjeuner – et va marcher dans ses vignes pour gerber à l’insu de sa tribu.
Premier choc : l’inspection a déjà commencé ! Deuxième choc : l’inspectrice est une vieille pute. D’allure morbide, un soutif à franges, des bas en lambeaux, des talons de traviole, un petit sac… La seule chose d’elle à n’être pas sexuellement sinistre est une jupette à fleurs. Assez curieusement elle tourne sur elle-même entre les ceps en la faisant voltiger. Plusieurs fois ce zombi manque de se casser la figure en exécutant cette pirouette cocasse. Comme si elle faisait mal du patin à glace, sans patins… et sans culotte. Voulez-vous plus strange ? Eh bien elle se frotte le pubis, qu’elle a remarquablement fourni, aux feuilles… Elle revisite de façon obscène la pudique image d’Épinal du sexe caché par une feuille de vigne. Pourquoi ?
Se sachant bourré, Fred juge plus prudent de d’abord observer à distance ce manège. Accroupie comme si elle urinait, la voilà qui se scratche la motte carrément à un pied de vigne… Cette inspectrice du bio a des méthodes vraiment très spéciales. Rien à voir avec l’austère rond de cuir de l’année dernière et ses éprouvettes.
A Fred, qui fait dans l’agriculture ésotérique, ça finit par ne plus paraître si dingue. Dotée d’une sensibilité particulière la dame fait simplement corps avec la vigne, comme les œnologues plantent leurs nez dans les verres. Rassuré et se sentant en affinité, il frise des doigts sa moustache de hipster.
Doit-il se signaler par un raclement de gorge ? Les yeux révulsés ne paraissent pas le voir. A quoi bon parler de toute façon ? La danse de Bacchus et Eros… Y a-t-il de la place pour l’équivoque dans l’attitude de l’inspectrice New Age ? Tu me la bouffes et ton logo c’est dans la poche, mon pote !
Il se faufile sous la jupette fleurie en s’écorchant les genoux. Où finit sa moustache ? Où commence la grosse touffe ? C’est ce qu’il n’est plus possible de distinguer. Sous la pelote suinte un vagin extraordinairement renflé, un vrai cul de babouin qu’elle a devant. Asséchée par le vin la langue de Fred électrise les escalopes rougies. L’inspectrice contracte ses muscles vaginaux, puis en les relâchant, le menton mal rasé du viticulteur bio est aspiré dans le trou. Elle crie, les maigres cuisses l’éjectent avec force.
Merde, se dit Fred, aurais-je compris de travers ? Ai-je connement ruiné mes chances d’avoir le logo bio en intervenant dans le rituel ? A quatre pattes, penaud, il ose demander :
– … Ça… ça va le faire, vous pensez ?
Elle répond, avec un fort accent roumain :
– C’est ce qu’ils veulent.
Ce « ils », Fred n’en doute pas, ce sont les huiles de l’agriculture biologique ! Il aide l’inspectrice à se relever, se retient de l’embrasser sur le front.
*
Avant d’annoncer la super nouvelle à sa tribu, il éprouve le vif besoin de se passer la moustache sous l’eau. Ce bain de moustache a pour seul bienfait de le dessaouler. Ça démange atroce ; il entreprend de la peigner. Des centaines de minuscules bestioles jaillissent… Des morpions !
« La vache, encore heureux que cette traînée d’inspectrice ne s’est pas laissée tringler, non mais quel paquet de merde cette folle ! » Hélas, le soulagement est de courte durée. Sa femme déboule dans la salle de bain, en panique :
– Fredo ! Fredo c’est la cata ! L’inspecteur du bio vient d’arriver, il dit qu’il a vu comme du phylloxéra !
Un voile de terreur recouvre le visage du vigneron hipster.
– Le phyl… ? Cette salope a… les morbacs que m’a filé cette…
Et comme il murmure, sa femme voit danser les petits insectes sous son nez rougi, accrochés en grappes aux branches des poils…
*
Très vite le vignoble est intégralement atteint. Nulle tisane d’orties, même vaporisée sous la tutelle d’Uranus, ne peut stopper l’invasion. Le ministère de l’agriculture oblige Fredo à tout arroser d’insecticide… y compris sa moustache.
C’est dire avec quel machiavélisme se referme le piège tendu par le tout puissant syndicat viticole !