La vénalité est une passion dévorante qui conduit bien souvent au désastre. L’histoire de ma patiente Lucile et de son mari alchimiste l’illustre cruellement.
Il était tombé sur un grimoire dans un vide-grenier. Ça prétendait expliquer comment faire de l’or avec du plomb. Petit à petit il s’était totalement pris au jeu, transformant la cave du domicile conjugal en un laboratoire moyenâgeux. Cornues, creusets et autres trucs pharmaco-ésotériques auxquels Lucile ne comprenait goutte. Elle ne reconnaissait plus son mari, qui exigeait qu’elle l’appelât maître Fulcamel, bien qu’à part empuantir la baraque il ne soit parvenu à aucun résultat.
Un jour que la sœur de Lucile vint manger avec son mari et que « Fulcamel » refusait d’interrompre une expérience cruciale, c’en fut trop. Engueulade énorme dans la cave ; Lucile fit une crise de nerfs et tabassa du plat des mains son magicien de mari ; peut-être profitait-elle du fait que tenant une fiole fumante de bave d’ânesse ou de lait de crapaud, il ne pouvait riposter. Un peu calculatrice, la Lucile ; mais pas méchante. Jamais elle n’aurait voulu qu’il se blessât avec son produit bizarre. Mais hélas il faisait une chaleur étouffante dans la cave-laboratoire ; il travaillait donc la robe de chambre étoilée grande ouverte ; si bien que tel Marie Curie il s’est en quelque sorte irradié quand son truc a débordé dans la bousculade… bref je vous la fait courte, il a perdu une couille dans l’affaire.
De l’hôpital il revint très taciturne, maussade… Son long et intensif travail avait eu pour seul résultat de le rendre mono-testiculaire. Lucile se sentait morveuse. Sa place auprès de son mari, qui l’entretenait, ne tenait plus qu’à un fil. Elle s’engagea, pour quand il irait mieux, à lui servir d’assistante alchimiste. Il ne releva même pas. Il n’y avait qu’une chose que Lucile pouvait réellement faire ; c’était lui prouver qu’il était toujours un homme. Elle s’agenouilla devant le grabat, descendit avec un peu de cérémonie le bas du pyjama de Fulcamel, vainquit son dégoût devant la noisette à moitié grillée qu’il lui restait, et le suça. Elle le prit longtemps en entier car il eut du mal à bander. Quand il fut dur elle le suça normalement, en avalant seulement un tiers du zob. Peut-être déçu de voir qu’elle ne se donnait déjà plus à fond, Fulcamel n’eut pas l’élégance qu’il avait jadis de la prévenir de l’imminence de la purée. Il lui jouit plein bec. En pareille quantité que quand il était monté sur deux roupettes ? Difficile à dire. Lucile, surprise mais soucieuse de se montrer docile, ne recracha pas. Ça gargarisa un peu puis elle avala. Même si elle ne connaissait pas vraiment le goût du sperme de son mari, le goût la surprit. Un goût de mercurochrome, mais sûrement parce que l’emplacement laissé vaquant par la couille brûlée en était badigeonné.
Elle alla dare-dare à la salle de bain se laver les dents. Le salaud ! maugréait-elle. Après un brossage énergique ses dents brillaient. Mais brillaient vraiment. D’un éclat doré. Elle y regarda à deux fois… ses plombages étaient changés en or !
Le sperme de son mari en était la cause, elle le comprit tout de suite. On dit que des fous d’alchimie au moyen-âge faisaient couler le sang d’enfants pour donner de la pureté à leurs mixtures… alors que le liant suprême, c’est du sperme de vieux con ! Cela ouvrait mille perspectives dans la tête de Lucile, mais certainement pas celle de donner à son homme la clé de la quête de sa vie. Pour qu’il aille mener la vie de château avec une pouffiasse ? Elle lui dissimula ses chicots plaqués or en ne lui adressant plus la parole, n’ouvrant la bouche dans sa direction que pour le sucer. Systématiquement elle conservait le foutre magique jusqu’à la salle de bain, où le naïf Fulcamel croyait qu’elle le crachait dans le lavabo. Tu parles ! Elle le rendait sur n’importe quoi en métal, transmutant en or pinces à épiler, porte-clés, boucles d’oreilles en toc, etc. Elle se constituait un trésor.
Or Fulcamel, pris au charme de la fréquence des fellations, que Lucile exécutait de son mieux afin de faire jaillir des jets de sperme nourris, Fulcamel redevint aimant. Il ne faisait plus la gueule toute la journée et ne semblait nullement vouloir redevenir l’alchimiste aigris d’avant l’accident.
Par conséquent, c’était elle qui, par son obstination à ne pas ouvrir la bouche pour ne pas dévoiler ses crocs en or, portait la responsabilité de la mauvaise ambiance dans la baraque, de la mauvaise alchimie dans le couple, si vous me passez cette cocasserie.
Un soir elle alla machinalement pour le sucer. Fulca, gentleman, lui mit l’index devant la bouche entrouverte, la releva, l’embrassa, ce dont elle se défendit ; alors il l’allongea et lui lécha le clito le temps qu’il fallut pour qu’elle jouisse ; mais Lulu ne perdit pas le nord. Dès qu’il la pénétra, elle réfléchit au moyen de contenir en elle jusqu’à la salle de bain le sperme qu’il allait déverser. A chaque coup de bite elle contractait, des fois que ce fût celui de la giclée. Cela accroissait le plaisir du maître, qui commençait à se dire que tout allait mieux pour lui : une femme de plus en plus bonne baiseuse, alors qu’auparavant elle ne lui vidait presque jamais les couilles, et silencieuse alors qu’avant elle l’assaillait toujours de paroles inutiles, quand ce n’était pas expressément pour l’emmerder.
Comme pour fêter ce nouveau départ conjugal, il eut envie d’un truc un peu fou : lui jouir sur les poils. Chiche ! Lorsqu’il se sentit juteux il sortit son chibre de l’étau visqueux et l’appuya contre la forêt noire. Un premier jet alla engorger le nombril, mais le reste englua la toison… Et merde quel connard ! se dit Lucile, tout en se consolant en pensant aux autres occasions qu’elle aurait d’avoir un dé à coudre en or. En quoi elle se trompait.
La tronche de son mari, on aurait dit qu’il avait vu le diable.
-Ben quoi ? M’enfin qu’y a-t-il, chéri ?
Il ne remarqua pas les dents en or, car il ne regardait que le vagin, ou plutôt la touffe. Son sperme y avait séché comme une allumette et imprimé une marque en la décolorant, une marque que Maître Fulcamel, initié, reconnut pour être celle du démon ! Il ficha sa femme dehors en hurlant du latin de cuisine. Elle se réfugia chez sa sœur où ne tarda pas à la rejoindre une lettre de divorce.
Voilà la situation de la pauvre Lucile. Frappée du signe du démon pour sa rapacité. Elle veut quand même récupérer son mari, la poule à la couille aux œufs d’or, et pour cela demande son aide à la sexologue que je suis. Que j’aille le trouver pour lui expliquer qu’avec l’âge, c’est très courant d’avoir une perte de coloration des poils pubiens, que le dessin c’est une coïncidence… Tentative désespérée. D’autant que si je vais le voir, ce serait plutôt pour ramener un échantillon, si vous voyez ce que je veux dire ! En espérant qu’il ne fasse pas sur mes poils ; avec la vie que j’ai menée, c’est sûrement pas un crucifix qui risque d’apparaître !