Tout au long de l’histoire qui va suivre, la tentation sera grande de faire le jeu de mots « pêche aux moules / pêche à la moule ». Je vous demande d’y résister, par respect pour les protagonistes, dont je n’ai pas cherché à préserver l’anonymat.
Robert, un rustre uniquement préoccupé de pêche à la mouche, avait réussi à traîner son épouse, Claudie, au bord d’une rivière. Sans doute était-ce la présence de Michel, un copain « moucheur », qui l’avait décidée à venir, car il était son amant. A l’abri de basses branches elle le chauffa copieusement, elle totalement à poil mais lui, impossible de lui sortir le chibre à temps de la combi de pêche ; Robert qui le hélait était trop proche. Pour se refroidir le moteur, Claudie s’alla cacher en aval, allongée dans l’eau, la chatte offerte à une petite cascade d’eau vive qui lui faisait tinter le grelot.
Un peu en amont d’elle, mais sans qu’elle le vît, pataugeait son cocu mari Robert. Il ignorait que de honte et de crainte Michel avait détalé très bas et attribuait son absence à son manque d’instinct de pêcheur, qui lui faisait préférer des coins de rivière où il n’avait aucune chance de croiser une truite. L’absence de sa femme avant l’heure du déjeuner ne le troublait en aucune façon, et finalement, ne pas voir remuer la canne en fibre de carbone de son ami –là où lui ne jurait que par le bambou refendu- lui permettait de s’essayer à un nouveau type de lancer, un peu en lasso, censé mieux sécher la ligne.
Il fouettait donc amoureusement l’air en de subtiles torsades, quand la grâce de son mouvement fut stoppée net par une touche arrière en même temps qu’un hurlement féminin lui cingla les oreilles. Bien qu’ayant reconnu que c’était sa femme qui gueulait à la mort, il était sur le moment plus tracassé d’avoir coincé sa mouche dans le décor comme un débutant, ou comme un Michel.
L’hameçon devait s’être coincé entre les rochers de ce barrage caillouteux de baigneurs. Or plus il tirait pour l’en extraire, plus Claudie jappait… mais il ne corrélait pas les deux. Ce n’est qu’en se rendant sur zone qu’il comprit que c’était sa femme qui avait mordu ! Du vagin, qui il est vrai moucheronnait en surface comme une truite affamée, il avait transpercé la petite et la grande lèvre.
Robert ne levait pas les yeux sur le visage endolori de Claudie, laquelle voyait dans son regard appuyé vers son sexe amoché briller une lueur qui n’y avait plus été depuis longtemps. Elle crut même, quand il s’approcha sur la pointe des cuissardes, qu’il allait lui faire minette ; ce ne fut qu’au dernier moment qu’il sortit son opinel pour trancher le bas de ligne.
Ils jugèrent plus prudent d’aller faire retirer l’hameçon à l’hôpital. Robert porta Claudie jusqu’à la voiture, ils partirent sans se soucier de Michel.
Je fais ici une embardée dans le récit car je m’en voudrais de passer sous silence une péripétie qui arriva là-bas à Claudie. Profitant de l’anesthésie locale, le médecin la pina de face en se dissimulant le bas ventre avec le dossier médical. Il éjacula en elle à gros bouillons, ce qui fit qu’elle se rendit compte du viol, mais seulement en boitant vers la salle d’attente, où l’attendait fiévreusement Robert.
Bref, de retour chez eux, c’est un Robert attentionné comme jamais qu’elle découvrit. A la fin du dîner aux chandelles, il osa lui faire part de son étrange idée en tête : la revoir le sexe paré de sa belle mouche de pêche. Comme Claudie sentit qu’il triquait dur à cette idée, elle accepta. A genoux devant son con heureusement encore un peu endormi, il lui passa la mouche au trou. Claudie ayant la toison claire, cette mouche sur sa vulve faisait un peu comme sur le visage fardé des femmes de l’Ancien Régime le faux grain de beauté qu’elles se collaient, également appelé mouche.
Grâce à ce piercing insolite, la vie sexuelle du couple redémarra en trombe, et même connut un niveau inédit d’épanouissement. Robert révérait la moniche de sa femme ; en titillant la mouche avec science il la rendait folle. Toutefois, par faiblesse, Claudie ne cessa de voir Michel…
Seulement au gars Michel, pêcheur moins passionné, ça ne lui disait trop rien de bouffer une chatte avec une mouche en travers. En outre, il craignait de se griffer la bite à l’hameçon ; cela faisait qu’avec lui, Claudie retirait sa mouche et la remettait avant de regagner le lit conjugal. Le manège était bien rodé.
Hélas, un soir que Robert lui baissa la culotte pour la lécher –se prenait-il pour une truite dans ces moments-là ?- celui-ci vit rouge. Ce n’était plus la belle mouche à double collerette qu’il avait lui-même faite en plumes de coq, mais une des mouches banales à Michel, une espèce de mouche à merde hyper mal branlée qu’on dirait faite en poil de cul ! Claudie, pas connaisseuse, venait en effet de remplacer celle de son mari, perdue chez Michel, par une au hasard qu’elle avait vu pendre dans le garage de son amant.
La salope ! bouillait intérieurement Robert, j’aurais dû la remettre à l’eau le jour où je l’ai pêchée. En d’autres termes, il regrettait de ne pas avoir noyé Claudie… Tout à sa rage, il prit dans la poche de son treillis une bonne longueur de la ligne de pêche en soie apprêtée par ses soins à l’huile de lin. C’est quand même autre chose que la filasse en nylon de cet enculé de Michel, se gargarisa-t-il en étranglant sa femme !