Quand la ravissante mais bête comme un jeune chien Laura est venue me voir au cabinet de sexologie, elle ne savait plus où elle en était. Lesbienne rêvant d’un cowboy la prenant au lasso, sans pour autant être bi… Cul par-dessus tête, on le serait à moins, vous en conviendrez après avoir lu son histoire.
Elle était folle de joie de revenir au ranch familial présenter Camille, sa copine. Sans appréhension, car ses parents, Butch et Caroline, forment aussi un couple lesbien.
Sa chambre n’avait pas changé depuis qu’elle était partie vivre à la ville. Camille fit valser du lit l’ours en peluche et entraîna Laura dans un fougueux cunnilingus.
Revenant du pâturage, les mamans de Laura virent les bagages dans le séjour, comprirent que leur fille était de retour et montèrent vers sa chambre. Des claquements sonores de langues les retinrent de frapper ; mais pas d’observer… Depuis une fissure dans le mur de bois, elles firent connaissance avec le visage de leur bru, qui se régalait du frais vagin de leur fille…
-Comme elle la gamahuche bien, constata Butch.
Camille s’interrompit pour laisser passer l’orage de l’orgasme qu’elle avait déclenché. Puis recommença.
-Là je ne suis pas d’accord, continua de commenter Butch à voix basse. Elle devrait la pénétrer à présent qu’elle est trempée. Pourquoi ne lui met-elle pas les doigts ? Ou un gros gode ?
-Chuuuut, chérie enfin, intervint Caroline, tous les couples ne le font pas. Et ça ne nous regarde pas vraiment.
-Tu as sans doute raison. Je vais aller leur préparer un bol de chocolat, ça donne soif de shampouiner la moquette.
Sous ses grands airs, Caroline assista à l’étreinte jusqu’au bout, jusqu’à ce que les jeunes se rhabillassent. Sa fille portait un short en jean coupé ultra court et un débardeur nombril apparent Hello Kitty. La filiforme Camille se moula dans une combinaison rose. Caroline eut une angoisse.
-Mon Dieu, quand Butch va voir ça…
Au cours du goûter pris dans le salon sous l’œil menaçant d’un crâne de bison accroché au mur, Butch dissimula en effet mal le malaise qu’elle ressentait vis-à-vis du genre de Camille. Trop féminine ou pas assez masculine. Pour elle, sa fille adorée, clairement féminine, devait avoir pour compagne une fille à la garçonne. Et comme elle s’était servie du whisky, elle donnait son point de vue.
-Supposition qu’il y ait des enflures d’homophobes qui l’emmerdent à la Gay Pride. Tu saurais la défendre, avec tes semelles compensées ?
Camille ne se laissait jamais faire dans la vie, mais l’immédiateté avec laquelle était survenue l’animosité de Butch, il est vrai une femme de ferme, l’avait décontenancée. Quant à Laura, sur le coup elle gloussa niaisement mais peu après, s’ouvrit de sa déception à sa maman Caroline. Celle-ci lui répondit que Butch, appartenant à l’ancienne génération de lesbiennes, imagine que dans un couple de femmes, si aucune des deux n’est vêtue comme un homme, le couple n’est pas identifié par la société comme un couple véritablement homo. Selon Butch, deux femmes féminines ensemble, c’est un fantasme hétéro sur quatre pattes qui rabaisse leur homosexualité.
Laura objecta avec candeur que quand elle est trop féminine, Camille lui dit qu’elle se soumet au « masculino-centrisme ». Caroline lui rétorqua que si elle aimait être féminine, elle ne devait pas laisser Camille la changer.
Le lendemain, sans doute à la demande de Caroline, Butch mit de l’eau dans son vin. Elle emmena Camille au travail du ranch, mais cette dernière, loin d’avoir digéré le traitement de la veille, fit la gueule toute la journée. Elle refusa de ferrer un cheval, de marquer un veau, de s’inscrire à une initiation rodéo… Le soir venu, elle énuméra à Laura tout ce que Butch avait tenté pour faire d’elle une femme-homme. Pour Camille, qui s’était totalement affranchie du joug masculin, Butch représentait ce qu’elle détestait en pire, puisqu’elle en transmettait les codes au sein même du couple lesbien.
-C’est insupportable de trimbaler cette aliénation mentale à la société andro-centrée ! Tes parents continuent à tout genrer alors qu’il faut combattre le genre partout où il est ! Vouloir correspondre aux stéréotypes hétéro-normés, c’est n’importe quoi ! Fuck Butch !
Laura se disait qu’elle ne devait pas vivre à la ville depuis assez de temps pour tout bien comprendre ce que disait sa compagne. Elle acquiesçait les yeux ronds.
-Ta mère Caroline, avec ses robes ramasse-poussière, elle fait bien la paire avec l’autre marteau à chapeau de cow-boy.
-C’est une bonne mère et maman Butch une bonne mère-père.
-Y a pas besoin de « mère-père » ! Elles sont complices de tout ce qui nous étouffe avec leur carnaval ! Toi si tu es aussi girly je me demande si c’est pas à cause de ça, toutes ces niaiseries qu’on a véhiculées sous ton nez pendant ton enfance.
Laura était embêtée que Camille soit embêtée. Camille sentait qu’elle parlait un peu chinois à Laura. Alors elle mentit pour la rallier pleinement à sa croisade anti Butch.
-Tu sais que ta « mère-père » chuchote à l’oreille de sa jument, Goudou Princess ? Eh ben elle lui a chuchoté de me mettre une ruade dans la poitrine !
La sensible Laura fut évidemment bouleversée de l’apprendre. Camille enchaîna les bobards :
-Elle m’a emmenée en pick-up avec la country à fond jusqu’au champ où il y a une croix. Elle m’a plaquée contre, elle a sorti sa teuch et elle m’a demandé de la lui brouter !
L’innocente Laura en fut bonne pour un vomissement sur ses souliers vernis. La diabolique Camille en profita pour faire pénétrer une idée noire dans son cerveau impressionnable :
-Elle adore le Far West, non ? Alors on va la lyncher !
Une meute de lesbiennes répondit présente à l’appel lancé par Camille sur les RS, telles des camionneuses se mobilisant à un appel en cibi, sauf que vous avez compris qu’elles n’avaient pas le style camionneuse. C’était l’aurore, Camille les avaient rassemblées dans la grange et les haranguait à voix basse.
-Je vous remercie d’être venues si vite dans ce trou, mes chéries. On est toutes là pour régler son compte à une brebis galeuse qui fait reculer nos droits pire que Donald Trump et Alain Delon réunis !
-OUAIS !!
Laura, intimidée, ne savait pas trop si elle pouvait parler ou pas. Elle demanda quand même :
-Pst, Camille ? toutes ces filles qui viennent en renfort pour pendre maman, ce sont… tes ex ?
Il y eut un brouhaha de rigolade.
-Pas vraiment, chérie, répondit Camille. Je suis polyfidèle, je t’expliquerai.
-Polyfidèle ?
-Me les brise pas maintenant, Laura. On est toutes ici en multipartenariat affectif, ça te va comme ça ? On en reparlera, j’te dis. Pour l’heure ce qui compte, c’est de débarrasser le monde de ton archaïque mère !
-OUAIS !! répondirent les lesbiennes comme une seule femme.
Un gros morceau comme Butch n’allait pas se laisser mener à l’abattoir sur un air de flûte. Une des filles avait eu l’idée d’amener des suppositoires anesthésiants. Le petit commando jugea plus commode de l’assommer à la poêle. Ce fut une formalité car Butch avait sombré sur le canap devant la télé. Caroline, elle, dormait encore aussi, mais à l’étage.
On traîna Butch jusqu’à la grange où on la jucha sur Goudou Princess, stabilisée par la corde au cou. Une des filles, experte en bondage, s’était occupée du nœud. Laura voulut intervenir mais « ça ne te regarde même plus », la stoppa Camille.
Le double menton de Butch ne la protégea pas longtemps. La jument partie, elle devint vite bleue, gigota un peu, puis plus. Ensuite de quoi, la liesse des militantes homosexuelles tourna à l’incompréhension. Une bosse soulevait le sous-vêtement de Butch ! L’activité dans la grosse culotte se fit si pressante qu’à la fin elle céda le passage à ce qu’à la surprise générale il fallut bien nommer… un pénis !
-P… Pa… Papa ?! s’étonna Laura ?
-Oui chérie, c’est bien ton père.
Cette voix depuis l’entrée de la grange, c’était celle de maman Caroline. Comme pour souligner cette reconnaissance tardive de paternité, un jet d’humeur, peut-être du sperme, jaillit en glaire du sexe de Butch. Caroline, après s’être signée, s’approcha et rabattit le prépuce sur le gland du mort, comme elle aurait fermé ses paupières si elle avait pu les atteindre.
-J’hallucine, dit Camille, Cette enfoirée de Butch est un transs F to M !
-Ce n’est pas aussi simple que cela, répondit avec mépris Caroline.
Un silence parfait régnait dans la salle. Elle regarda Butch dans ses yeux révulsés et dit pour lui seul :
-On savait que ça se terminerait comme ça un jour, Bucéphale.
Puis elle reprit vers l’assemblée, qui avait respectueusement mis fourches à terre :
-Mon frère et moi avons grandi ici. On était très proches enfants, très proches adolescents, jeunes adultes… nous sommes devenus amants.
Je suis tombée enceinte ici même, dans cette grange. Un accident, bien sûr. Mais on s’aimait tellement qu’on a décidé de garder le fruit de notre amour. Laura chérie, on t’a raconté que tu ne connaissais pas tes grands-parents car ils n’acceptaient pas notre homosexualité. C’est faux. On les a tués et enterrés sous la grande croix qu’il y a au fond du champ. On s’est fait passer pour gouines après, pour pouvoir te garder sans attirer la suspicion du voisinage. Bucéphale s’est goinfré d’hormones féminines agricoles, mais le naturel ces derniers temps revenait au galop. Peut-être que toi partie à la ville, il se sentait moins tenu au secret. Tu comprends tout ce que je dis, Laura ? Ton père est également ton oncle, c’est pour cela que tu n’es pas fute-fute. Mais il t’aimait, ça tu peux m’en croire !
Sous le fardeau d’une telle révélation, toutes guettaient la réaction de Laura. En larmes elle finit par se jeter sur Camille :
-Mon père ! tu m’as fait tuer mon père !
L’agressée ne se défendit pas. Après quelques griffures et morsures ses copines l’évacuèrent avec elles (sur Vespa).
Laura et Caroline, sa mère, ont enterré Butch, son père, avec ses grands-parents sous la fameuse croix.