Braquemart en cuisine

Drame du chômage, droit des handicapés à la sexualité, restaurateur véreux… quel est le vrai sujet de l’histoire de Sabrina ? Et si au fond on s’en fichait, dès l’instant qu’à la fin, le vivre-ensemble triomphe ?

Sabrina donc, sortait de chez Pôle emploi. Malgré ses efforts pour retrouver du travail, ça ne donnait rien. Aussi s’était-elle fait remonter les bretelles par son conseiller. La matinée allait encore être longue. En faisant des détours pour retarder le moment où elle regagnerait son petit appartement, elle passa devant un restaurant pas comme les autres, à en croire ce qui était marqué, et en effet, le Trésor-Mick n’employait que des handicapés mentaux. Sabrina les regarda dresser les tables à leur rythme et les jalousa. Ce n’était pas eux qu’on embêtait avec des lettres de motivation, des CV… T’es handicapé mental ? Hop, t’as le job.

Le ressentiment et le désespoir sont mauvais conseillers…

Sabrina se composa une allure de myopathe aux doigts emmêlés, entra dans l’établissement et demanda en bégayant à voir le patron. L’handicapé mental très souriant qui l’accueillait la conduisit en cuisine.

-Merci Tchiz, répondit le chef avec une bienveillante autorité.

Le patron, seul saint d’esprit à bord, écouta Sabrina qui se présentait en singeant au culot le handicap mental. Lui s’appelait Mick. La chômeuse se dit que si le but premier de cet homme en ouvrant un resto ayant pour personnel des handicapés mentaux était de faire évoluer le regard sur ce handicap, son regard à lui se fixait sans retenue sur sa poitrine…

-C’est bizarre, dit-il, vous n’êtes pas envoyée par la MDPH ?

Sabrina se sentit rougir. Elle n’avait jamais entendu parler de la Maison Départementale des Personnes Handicapées. Elle répondit simplement, la gueule en biais :

-Moi dis non.

-Bon. Pas grave, la rassura Mick, tout à coup souriant. Ton travail ici va être simple. Faire le service…

-Oui…

-Laver les chiottes…

-… oui

-Me sucer la bite.

-Ou…

-As-tu seulement déjà sucé une bite, ma chère Sabrina ?

-… Moi dis non !

-C’est super fastoche, tu vas adorer. Ça fait que moi aussi je vais t’adorer, tu comprends ?

Là-dessus il finit d’égoutter ses haricots et se débraguetta.

-La bite, c’est ça, dit-il en découvrant la peau sur son gland. Sabrina tremblait en la voyant grossir. Mick s’assit sur le piano de cuisine.

-Oups ! ça fait froid aux fesses. Viens près de moi. Mets-toi à genoux. Fais Aaaah comme chez le docteur…

Dépassée par la situation, Sabrina s’exécutait. Comme en parlant à une enfant, il lui expliquait comment sucer son sexe. A 40 ans, Sabrina n’en était évidemment pas à la première fellation de sa vie, mais elle éprouvait bien de la peine à le lustrer ; elle ne pouvait en effet quitter son rôle de gogole. Rendez-vous compte, il lui fallut sucer mâchoire en avant et branler les doigts croisés, tout en continuant à loucher !

-Hummm… Tu dois faire des pipes bien baveuses, toi !

Le vilain restaurateur, en donnant de violents coups de reins au fond du gosier, ne lui facilitait pas la tâche. Il lui baratta la bouche et ça se termina en éjaculation faciale.

-Attends, ma chérie, je vais te débarbouiller. Tu verras je prends soin de mes employés. Il attrapa le jet qui sert pour la plonge et kärcherisa le visage de Sabrina.

-Paaaarfait. Allez maintenant relève-toi, le service va commencer.

Après ce scandaleux entretien d’embauche, elle dut accomplir son nouveau métier de serveuse toujours sans sortir de son personnage d’attardée. Certes cela la mettait à l’abri des mains baladeuses, mais ce n’était de toute façon pas le genre des clients de ce restaurant caritatif, lesquels remerciaient chaleureusement Monsieur Mick en quittant leur table pour ce qu’il faisait en faveur de ces malheureux handicapés. A travers l’étroit passe-plat, Mick faisait de discrets clins d’œil salaces à Sabrina.

Quand vint enfin le moment de balayer la salle, elle assista à un étrange manège. Tchiz, qui était commis, sortit de cuisine avec des fanes hors du pantalon. L’ignoble Mick devait l’avoir contraint à travailler une carotte fichée dans l’oignon ! Puis Yolande et Idrissa sortirent à leur tour de la cuisine les cheveux tout mouillés, comme Sabrina quand après lui avoir pompé le dard, Mick l’avait aspergée.

Elle en fut certaine, tous les employés du Trésor-Mick subissaient les assauts sexuels dudit Mick. Et ce fumier devait recevoir des aides de l’Etat pour embaucher des handicapés, c’était à gerber ! D’autant qu’il était infatigable.

-Sabrina, mon petit chou crémeux, passe me voir en cuisine pour me raconter tes impressions de ce premier jour !

Elle voulu prendre ses jambes à son cou, mais la fin de son droit à l’assurance chômage fit qu’elle se résigna. La candeur avec laquelle il lui parlait l’empêchait de se détourner sans trahir son personnage de neuneu.

-J’y pense, Sabrina, ce matin tu as découvert comment sucer ma bite. Mais sais-tu que si je te la mets dans la zézette, c’est encore meilleur ?

Ni une ni deux il lui prend la main tordue, lui fait faire la valse et sans savoir comment elle se retrouve déculottée, seins et tête encastrés dans le passe-plat, besognée par derrière comme pas possible, une levrette brouillonne très animale.

-Tout doux, se dit d’ailleurs à lui-même Mick au milieu de grognements, en se vidant abondamment pour la énième fois de la journée.

-Bon. Eh bien à demain matin Sabribri, je te ferai signer ton CDI.

De retour chez elle, l’ex-chômeuse craqua nerveusement. Le guêpier dans lequel elle s’était fourrée… ! En plus elle réalisa qu’un travail de serveuse, elle aurait pu en trouver n’importe où ! Qu’avait-elle eu besoin de cette mascarade ? Elle, c’était dans la communication qu’elle cherchait.

Après avoir avalé un tranquillisant, il lui apparut clairement qu’elle n’irait plus travailler au Trésor-Mick. Impossible. Oui, mais si elle n’y retournait pas au moins pour démissionner, sa journée ne lui serait jamais payée. Etre payée, dans le processus accéléré de reconstruction d’elle-même, lui semblait essentiel. Elle cogitait sec. Comment faire… Comment y retourner sans se faire piner tout en étant payée…

Soudain elle trouva. Pour sortir de cet enfer la tête haute, elle eut l’idée mensongère de prétendre avoir eu vent des agissements très douteux de Mick envers son personnel. Ensuite de quoi elle se serait efforcée de s’en faire embaucher pour en ramener la preuve. Rien ne l’obligeait à dire qu’elle avait cédé à ses « avances ». De chômeuse à l’ouest abusée elle devenait une lanceuse d’alerte dont le courage mettait hors d’état de nuire un détraqué sexuel particulièrement sordide ; serait médiatisée ; trouverait un boulot dans la comm’ !

Elle alerta cette fameuse MDPH, la police et la presse. Tous ces corps de métiers débarquèrent le lendemain au Trésor-Mick. Mick était « cuisiné », ses employés interrogés et expertisés avec empathie, tandis que Sabrina donnait des interviews.

Sauf qu’une heure après, patatras. Pour les experts psychologues, aucun employé du restaurant n’avait été abusé ! Ni Yolande, ni Idrissa ne savait ce qu’était un pénis, leur patron était totalement asexué à leurs yeux, elles l’adoraient, jouaient avec lui à s’arroser en fin de service, s’accrochaient toujours des choses dans le dos comme si c’était le 1er avril. Tchiz cependant, avait souri devant une tâche du test de Rorschach qui évoquait un homme en érection. On supposa qu’il était un jour tombé sur une revue cochonne. Ce fut Sabrina qui se retrouva en garde à vue, car Mick l’attaquait en diffamation ! Elle poussa les hauts cris, hurla à l’infamie, exigea une confrontation.

-Je travaille avec des handicapés mentaux depuis bien longtemps, pérora Mick. Dès que cette dame est arrivée dans mon établissement, j’ai su qu’elle simulait. C’était d’un pathétique. Pour lui donner une bonne leçon, je l’ai laissée se ridiculiser une journée avec ses mimiques pitoyables.

-Pour me donner une bonne leçon vous m’avez violée ! explosa Sabrina.

-En aucun cas, chère madame. Par contre en fin de service, vous êtes entrée, croyant sans doute parfaire votre personnage, dans une frénésie sexuelle et vous avez commis une bonne action, à mes yeux.

-Et laquelle, à vos yeux de malade ?!

-A travers le passe-plat, vous avez offert votre popotin à Tchiz et l’avez dépucelé.

Là-dessus il lui adressa un clin d’œil salace, comme il lui en avait déjà adressés à travers ce même passe-plat.

 

 

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