La pine et le yang

La confusion est parfois possible entre les salons de massages asiatiques normaux, qui sont toujours un peu sensuels, et ceux dans lesquels il est en prime possible de se faire sucer, voire carrément de troncher la masseuse moyennant quelques roupies.

Au « Sirènes d’Asie », mon patient Jacky n’était à son grand regret tombé que sur des kinésithérapeutes du dimanche, à qui il aurait parlé chinois s’il avait manifesté son désir de se faire branler. Au « Délice de Shanghai » par contre, il s’était copieusement fait huiler la pompe à foutre sans même passer par la case massage. Alors lorsqu’il vit l’enseigne de ce nouveau salon, « La pine et le yang », il se dit qu’il trouverait là de véritables professionnelles dans le bon sens du terme.

L’hôtesse de massage était d’ailleurs une bombasse très court vêtue ; bridée juste là où il faut, songea le vicieux Jacky. Il trouva en revanche la table de massage un peu décevante. Austère. Il y avait bien un trou pour le visage, mais pas pour le zob. Dommage. Au « Lotus rose », il avait adoré se faire sucer par en-dessous. Ce qui était plus préoccupant c’est qu’après vingt minutes d’un massage certes relaxant, il n’y avait de la part de la masseuse, malgré des charmes évidents et d’ailleurs très bien mis en avant, aucune invitation à un extra. Jacky était-il tombé sur un salon « no sex please », comme au « Souffle d’Orient » ? Ou bien ne possédait-il pas les codes, le mot de passe ? Il décida de ravaler sa pudeur et d’y aller franco :

-J’aimerais, si c’est dans vos cordes (vocales !) une fellation bien de chez vous ?

A cet instant une autre bombasse qu’il n’avait pas remarquée au fond du salon tapa un grand coup sur un gong. Jacky crut que les portes du plaisir s’ouvraient en grand. Il se mit sur le dos et ne dissimula plus l’érection qu’il comprimait. Mais en fait d’ouverture de porte, c’en fut une discrète et sombre qui permit l’apparition d’un corpulent Chinois à fines moustaches.

Devant l’air très peu commode de ce type, Jacky se rétracta et voulut remonter son slip. Mais des sangles métalliques jaillirent de la table de massage et l’y immobilisèrent. Ce Chinois en peignoir satiné avait dans une main un saladier de fer, dans l’autre une cage avec dedans un animal bizarre. Jacky, en bon amateur de déviance asiatiques, connaissait l’ancestrale torture consistant à mettre sur le ventre d’une victime un rat sous une cloche de fer, puis de poser sur l’installation des charbons ardents afin que la chaleur oblige le rat à creuser pour se rafraîchir dans les entrailles. Etait-il possible qu’on lui fasse payer aussi cher l’outrecuidance d’avoir pensé se trouver dans un bordel ? Oui, car le Chinois, sourd aux plaintes de Jacky, sortit de la cage l’animal qui n’était pas un rat, mais un pangolin, le posa sur la bedaine de Jacky, le recouvrit du saladier et le matériel incendiaire au sommet provoqua vite son effet.

Le pangolin, sentant sa cuirasse chauffer, commençait à gratter la graisse viscérale de Jacky. La musique traditionnelle était couverte par les hurlements de ce dernier et par les chicotements du pangolin, mais les hôtesses se trémoussaient en rythme, sexy en diable. Ce que voyant, Jacky ne débandait pas malgré la souffrance.

Elles entamèrent un show lesbien quand sa panse fut ouverte par la bestiole fouisseuse. Jacky n’en perdait pas une miette malgré la douleur qui pouvait le faire s’évanouir d’un instant à l’autre. Alors celle des Chinoises qui s’était fait lécher les seins vint près de son visage et lui sortit ses trous sous le nez en forçant sur ses muscles vaginaux et anaux. L’autre par derrière la branlait de ses doigts outrageusement manucurés et lui écartait fesses et lèvres.

Jacky ne parvenait pas à franchir les foutus deux millimètres de distance qu’elles veillaient à laisser. Et sa langue n’était pas seule à s’étirer à craquer ; son sexe aussi. La torture de l’excitation et celle du pangolin qui déterrait ses organes produisait une sorte de maintien à l’équilibre.

La douleur ne l’emporta que lorsqu’il éjacula. Son gland toucha la coupe de fer brûlante. Le Chinois coupa alors la flamme avec une languette de métal comme sur certains appareils à fondue, et le système calorifère contre lequel on entendait le sperme de Jacky devenir une vaste chips fut retiré.

Coiffé d’un intestin, le pangolin sortit la tête du ventre de Jacky. D’un fulgurant coup de serpette le Chinois le décapita, sectionnant du même coup l’intestin.

Le maître anesthésia Jacky d’une aiguille d’acupuncture sur le nez, raccorda son intestin et recousit le tout. C’est bien gentil de me soigner en m’endormant, pensa nébuleusement Jacky, mais pourquoi m’éviter à présent des souffrances après m’en avoir délibérément procuré ? Il se risqua à poser la question à son bourreau.

-Endormir empêcherait bandaison. Nous vouloir récupérer énergie sexuelle homme blanc à travers pangolin. Après quand Chinois manger pangolin, eux bander avec puissance homme blanc.

Jacky était flatté.

Une fois ses coutures tartinées d’un baume cicatrisant traditionnel, on reconduisit Jacky avec politesse. On lui fit régler le massage et on l’invita même à prendre un bonbon dans le bocal sur le comptoir, avec un clin d’œil renfermant beaucoup de malice. Comment aurait-il pu gueuler aux flics ? Il lui aurait fallu admettre sa fréquentation des salons coquins. Il n’y a qu’à sa bonne vieille mère Braguette qu’il en a causé.

Le secret de la préparation du pangolin est donc bien gardé. En revanche, une résurgence du coronavirus est à craindre, avec Jacky comme épicentre du cluster.

 

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